QVT : et si on s’occupait du bien-être des femmes ménopausées ?

 
QVT et bien-être des femmes ménopausées - étude d'Alan et analyse de RH qui vous veut du bien
 
La QVT (Qualité de Vie au Travail) préoccupe de plus en plus les entreprises. Certaines pensent pouvoir améliorer le bien-être des travailleurs avec des corbeilles de fruits, des jolis murs végétaux ou des "valises attentionnées" remplies de mots doux écrits par les collègues de travail... Il y a la QVT bullshit avec des actions superficielles. Et la QVT traitée avec sérieux qui s'attaque aux vraies problématiques : alléger la charge mentale, améliorer la qualité de vie des salariés...
 
Mais la QVT est une démarche globale qui englobe tous les individus. Un peu comme avec la discrimination : tout le monde est dans le même panier et les actions sont menées de manière collective et non individualisée. Résultats : certains salariés sont délaissés et leur bien-être n'est pas pris en considération à 100%. C'est le cas des femmes seniors ménopausées.
 
Quand est-ce que la QVT se penchera sur ces populations bien spécifiques ? Dans quelle mesure l'inclusion des femmes ménopausées au programme de QVT impacterait les performances de l'entreprise ? Et si on s'intéressait à ces femmes qui vivent des situations inconfortables au travail ?  




 

Santé et bien-être au travail : 

la parole évolue


 
 
 
La QVT a bien évolué dans le temps. Avec l'ANI de 2013 (Accord National Interprofessionnel), les entreprises n'avaient qu'un seul objectif : mettre en place des "actions qui permettent de concilier à la fois l'amélioration des conditions de travail pour les salariés et la performance globale des entreprises". Conditions de travail et performance, il n'y avait d'yeux que pour ça ! 
 
En 2015, la lumière a été mise sur d'autres sujets tels que l'équilibre vie privée/vie pro, le droit à la déconnexion et l'égalité professionnelle entre hommes et femmes. Quelques années plus tard, de nouvelles problématiques émergent et se pose aujourd'hui la question comment mettre la santé au cœur de la politique RH ? 
La QVT vise à améliorer aussi les conditions de réalisation et de développement personnel des salariés. L'individu doit travailler dans un meilleur environnement professionnel et se sentir bien et motivé. Eh oui un salarié ressentant un déplaisir à travailler ce n'est bon pour personne, ni pour lui, ni pour l'employeur, ni pour la RH. 
 
 
C'est ce nouveau paradigme qui explique notre intérêt grandissant pour la santé mentale. Burn-out, anxiété, dépression, jamais je n'avais autant entendu ces mots qui retranscrivent les maux en contexte pro. La télé, la radio, la presse et les nouveaux médias numériques abordent la santé mentale au travail comme l'a fait Welcome to the Jungle.
 
Je pense également à Charles Gorintin, un des fondateurs de l'entreprise Alan dont la mission est de proposer une assurance santé 100% en ligne pour les professionnels (y compris indépendants). Il a dévoilé son burn-out, son blocage physique, ses mains qui tremblent du fait d'un rythme de travail "dingue" et de transports en commun qui "épuisent". La santé mentale est une préoccupation chez Alan puisque l'entreprise a lancé en Septembre 2021 Alan Mind, un nouveau service dédié à la santé mentale des salariés.
 
 
 
 
« Nous faisons une veille sur ces sujets car la santé est aujourd'hui une préoccupation majeure chez les travailleurs. Ils espèrent obtenir de la part de leur hiérarchie une écoute bienveillante et du soutien »

 
 
 

Là c'est une phrase d'Olivia, Content Manager au sein d'Alan. La santé au travail gagne de l’intérêt, la parole se libère peu à peu mais le sujet reste tabou. Moi, je me suis exprimée ouvertement en disant je suis fatiguée de travailler avec ces rythmes accélérés. Tout n'est pas rose dans le travail, c'est bien de le rappeler.  

 
 
  
QVT et bien-être des femmes ménopausées - étude d'Alan et analyse de RH qui vous veut du bien
Au travail, je suis sous l'eau...



Quelques hommes, quelques femmes expriment leur mal-être mais jamais de femmes seniors. Le tabou est énormissime lorsqu'il s'agit de mettre en lumière le mal-être des femmes seniors ménopausées. Vont-elles tellement bien que nous n'avons pas besoin de parler d'elles ? Pourquoi tant de silence autour de l'inconfort de la ménopause ?
 
 
 
 
  

Femmes seniors : pourquoi sont-elles 

les grandes oubliées de la QVT ?

 
 
 
 
 
Les femmes ménopausées en entreprise ? Aïe moi-même - future concernée par le sujet - je n'y pense pas. Être une femme active à 30 ans et à 50 ans, j'oublie que ce sont deux choses différentes. Le temps passe et la ménopause frappe à la porte.

 

Ménopause : "Toc toc toc !"

Femme senior : "Qui est là ?"

Ménopause : "C'est moi la ménopause. Je devais m'installer chez toi, tu as oublié ?"

Femme senior : (à voix basse) Hé mer**... "Comment aurais-je pu oublier ? Je te souhaite la bienvenue !"

 

La ménopause est une étape incontournable dans la vie d'une femme car elle provoque des bouleversements sur le plan physique, émotionnel et mental. Elle débarque avec ses valises remplies de bonnes et de mauvaises nouvelles : bouffées de chaleur, troubles du sommeil, baisse de concentration, stress, fatigue... Rajoutons à cela les moqueries des collègues masculins, du management ou des plus jeunes.

 
 
 
Une ménopausée est une chieuse dans l'univers collectif


 

Quand j'ai lu cette phrase dans l'étude Ménopause en entreprise : l'impact surprenant et sous-estimé sur la diversité et la performance réalisée par Alan et Harris Interactive, j'ai compris que la ménopause - ou la ménopausée - dérange.  

 
 
 

Je découvre des ressentis, des expériences individuelles, des témoignages surprenants et surtout des chiffres: 

64% des Françaises actives de 40 à 62 ans sont ménopausées 
51% de ces femmes constatent que la ménopause a un impact sur leur travail
20% des femmes ménopausées désirent une plus grande flexibilité du temps de travail
 
En lisant l'étude, on comprend que de nouvelles problématiques se juxtaposent aux symptômes : les conditions de travail et l'environnement de travail. Lorsqu'il y a des cadences élevées, des réunions qui s'éternisent, du travail en open space avec la température pré-réglée, des toilettes présentes à 10 Km, on se sent plus mal qu'on ne l'était au départ. Tiens, je me rappelle la fois où je suis restée 40 minutes accroupie dans les WC de chez HSBC parce que mes menstruations me faisaient mal au bas-ventre. La vie de femme quoi.
 
 
 

« On n'en parle jamais. On doit affronter nos problèmes seules, sans soutien de la hiérarchie »

 
 
 
Faute d’un appui ou d’une écoute, les femmes ménopausées sont contraintes de réorganiser elles-mêmes leur façon de travailler et leur environnement de travail. Dans l'étude d'Alan, 1 femme sur 3 est dans ce cas de figure. 
 
Or, par une démarche de QVT, c'est à l'entreprise de réadapter son organisation de travail aux contraintes et besoins - physiques et psychiques - de ses salariés. Pas l’inverse ! 
 
 
 
 
Mais quand les besoins touchent au genre, à l'âge et à l'intime, on oublie la QVT ?

 
 
 
Le bien-être des femmes ménopausées n'est pas abordé car il est lié au corps féminin. Dans le contexte professionnel français, on utilise les mots "ressources" ou "capital" pour supprimer le corps des travailleurs. On déshumanise et déféminise les salariés. Mais pour assurer son bien-être en entreprise, une femme ménopausée est obligée de parler de son genre, son âge et son corps.
 
De plus, l'entreprise est créée selon un modèle masculin, jeune, sans trouble physique laissant peu de place à la femme ménopausée. Où sont les femmes seniors au sein des start-ups ? Où sont les femmes seniors Directrices générales ? J'ai trouvé Charlie mais toujours pas de femmes seniors dans le paysage. Leur mal-être est invisibilisé, leur présence aussi. 
 

Les politiques de QVT délaissent le bien-être des femmes seniors ménopausées pour ces principales raisons. Comment peut-on casser cette mauvaise habitude et favoriser une QVT pour ces talents féminins ?  
 
 
 
 
 

Comment améliorer le bien-être 

des femmes ménopausées ?

 
 
 
 
 
L'étude d'Alan a mis en exergue 12 conseils RH, je vous laisse les découvrir ici. A mon sens, deux d'entre eux doivent être mis en place en priorité :


  

1ère action : libérer la parole individuelle ou collective

 
L'idée est de permettre aux femmes seniors ménopausées - qui le souhaitent - de s'exprimer à cœur ouvert et de partager leurs ressentis, questionnements et expériences de mal-être. L'employeur pourrait créer des espaces de discussion virtuels ou physiques regroupant 2 ou 10 personnes. Une bonne initiative pour se confier aux collègues de travail, aux managers et aux professionnels RH. 
 
 
QVT et bien-être des femmes ménopausées - étude d'Alan et analyse de RH qui vous veut du bien
Ah ça fait du bien d'en parler !

 
 
Quand on vit une situation de mal-être, libérer sa parole fait du bien. Les psychologues ne diront pas le contraire. Grâce à la parole, on reprend le contrôle de la situation, on évacue le stress et on trouve du réconfort auprès d'autrui. C'est pour cette raison que l'ANACT (Agence Nationale pour l'Amélioration des Conditions de Travail) préconise aux entreprises engagées dans la QVT de mettre en place des espaces de discussion pour les salariés. 
 
Parler de ménopause au travail à ses collègues après la pause-café ? Pas très sexy, je sais. Mais c'est une étape nécessaire pour sensibiliser ceux qui nous entourent et faire connaître notre vie au travail et nos besoins. Je préfère la parole en groupe car elle crée une responsabilité collective : le mal-être devient l'affaire de tous ce qui incitera la Direction et les RH à prendre des mesures concrètes. 
 
 
Action inspirante : les groupes de parole déployés au sein d'UGITECH. L'objectif ? Libérer la parole des salariés durant le confinement et leur permettre de décompresser, de partager leurs besoins émotionnels. UGITECH est Lauréat des Awards du bien-être au travail en 2020.
 
 
 
 

2ème action : réhumaniser l'espace de travail et le temps


L'entreprise doit se réhumaniser. Elle doit mettre en place des espaces de travail et un temps de travail davantage en cohérence avec l'humain.
 
Un humain a besoin d'intimité.
Un humain a besoin d'aller aux toilettes. 
Un humain a besoin de repos. 
 
Et un salarié reste un humain. 
 
Ces besoins sont décuplés lorsqu'on est une femme ménopausée. Toujours dans l'étude d'Alan, 30% des répondantes demandent des aménagements particuliers tels qu'un accès à des climatiseurs, un renforcement des accès aux douches, toilettes et aux salles de repos. C'est choquant ! Des entreprises n'ont pas le B.a.-ba pour faire travailler des humains. Me concernant j'ai bossé dans diverses entreprises, à chaque fois il n'y avait aucune salle de repos. Donc si j'ai des nausées parce que je suis enceinte, si j'ai des maux de ventre parce que j'ai des menstruations douloureuses, je fais comment ? Je me couche par terre au milieu de l'open-space ?
 
 
Voici le message que ça envoie :
 
 
 
Tes problèmes d'humain on s'en fout. Travaille et tais-toi.

 
 
Il est nécessaire de créer des espaces de travail 100% ergonomiques avec plus de bureaux individuels, des salles de repos, des toilettes spacieuses etc. 
 
Quant au temps, nous devrions le ralentir et proposer aux salariés des temps pour soi. Cela peut être des temps courts pour assurer sa santé physique ou mentale (sieste, marche à pied etc.) ou temps longs pour se consacrer à sa vie privée (repos, vie en famille, loisirs etc.). Si les entreprises veulent s'occuper du bien-être des femmes ménopausées, elles doivent réfléchir au fait d'offrir des heures ou jours de repos. Inspirons-nous de La Collective, une Coopérative qui a offert un congé menstruel à ses salariées. Les femmes ménopausées, après une nuit agitée par des sueurs nocturnes et des réveils incessants, pourront être en meilleure forme.
 
 
Un salarié reposé est plus productif et engagé dans son travail, ne l'oublions pas.
 
  

QVT et bien-être des femmes ménopausées - étude d'Alan et analyse de RH qui vous veut du bien
Qu'est-ce que je me sens bien ces temps-ci !



Action inspirante : les "2 heures pour soi" du Groupe ACPPA. Les salariés ont bénéficié d'une coupure de 2h durant leur journée de travail pour prendre soin d'eux. Résultats : des mines reposées et zéro absentéisme. ACPPA a été élu Coup de coeur du public lors des Awards du bien-être au travail en 2018.
 
 
 
Occulter le bien-être des femmes ménopausées engendre des risques à court et long terme pour les personnes concernées mais également pour les entreprises.   
 
 
 
 
 

Conclusion : ne pas lever le tabou 

c'est prendre des risques  

 
 
 
 

Chaque tabou doit être levé surtout lorsque le bien-être, la santé et la performance sont au cœur du sujet. Si la QVT ne prend pas en compte les problématiques des femmes ménopausées, elles continueront d'être stigmatisées sur le lieu de travail et d'être freinées dans leur carrière pro