Je suis bienveillant(e) : comment se disqualifier en 2 secondes...



Je suis bienveillant(e).

Cette phrase vous dit quelque chose ? Forcément. Impossible de ne pas l'entendre.

Que vous soyez :
En pause clope avec les collègues.
En entretien de recrutement.
Dans votre canapé devant Drucker ou la nouvelle émission de Michel Cymes.
Aux toilettes en train de lire Les Echos. Ou GQ selon vos préférences...

C'est la même chanson. Comme dirait M. Cloclo, le copieur de tubes afro-américains. "Je suis bienveillant(e)" passe en boucle sur toutes les ondes.


Je préfère l'original à la copie : "It's the same old song" - The Four Tops (1965)


Il y a un endroit où la chanson tourne en boucle. Sur les réseaux sociaux professionnels. LinkedIn en première place. Peu importe le jour, l'horaire, la personne avec qui je discute, j'entends le même couplet :

Je suis bienveillant(e).

Vous voyez la chanson qui passe 5 fois en 1 heure à la radio. Oui celle-là ! C'est agaçant hein ?! Insupportable même ! Vous ressentez cette envie de taper cet autoradio... Voilà ce que je ressens à chaque fois que j'entends le fameux :

"Je suis bienveillant(e)".

C'est un nouveau virus ?
 
Chercheuse d'emploi bienveillante : "Ma première qualité ? Je suis une personne bienveillante !"

Entreprise hyper-bienveillante  : "La bienveillance est une de nos valeurs fondamentales"

Recruteur plus-que-bienveillant : "Moi, je mène tous mes entretiens avec bienveillance !"


Bienveillance par ici, bienveillance par là... 2019 : tout le monde se réveille "bienveillant". Comme si personne ne l'était avant...


Annoncer à votre interlocuteur que vous êtes une personne bienveillante est le meilleur moyen de vous disqualifier de la partie. Vous faites une erreur qui donnera de sacrés points à vos concurrents. Laissez-tomber cette mauvaise habitude... C'est une sale habitude dont vous devez vous débarrasser au plus vite. Pourquoi ? Je vous l'explique en 3 points.



Explication n°1 

Tout le monde le dit.




Dire qu'on est une personne bienveillante part d'un bon sentiment. Je comprends le principe. Mais ça ne le fait pas.

Tout le monde le dit aujourd'hui. Je suis bienveillant(e) is the new black. Chercheurs d'emploi, chefs d'entreprise, hommes, femmes, jeunes, vieux, cette phrase est devenue aussi banale qu'un "bonjour/bonsoir". S'il existait un dictionnaire "blablabla que tout le monde répète", les mecs de l'Académie française l'auraient inscrite à la première page. Oui je dis les mecs parce qu'il y a 31 mecs et 5 femmes au sein de l'Académie française mais c'est un autre débat...

Votre objectif est de trouver un emploi ou des clients ? C'est bien cela ? Pour y arriver, vous devez sortir du lot et vous faire remarquer. Un peu comme le point noir sur un tableau blanc. Notre œil sera attiré, voire hypnotisé. C'est comme ça.
Remarqueriez-vous un point blanc sur une feuille blanche ? Alors dites-moi comment espérez-vous vous démarquer si vous adoptez le même discours que les 350 autres chercheurs d'emploi ? Comment voulez-vous faire la différence si votre présentation est identique aux 200 autres entreprises ?



Mais qui sont tous ces gens qui font la queue comme moi ?



Vous n'êtes pas seul(e) dans la file d'attente.

Vous n'êtes pas la seule/le seul à vouloir cette chose. Vous êtes des milliers, des millions :
A rechercher un emploi.
A rechercher des clients.
A avoir plusieurs qualités intéressantes.
A avoir des compétences recherchées.
A avoir des attentes.
A avoir des promesses.
A tenir un discours précis.

Le discours ! C'est là où se joue la différence

Je le répète souvent, la recherche d'emploi/de clients c'est comme une rencontre amoureuse. La séduction fait partie du jeu. Seriez-vous séduit(e) par quelqu'un qui répète le même blabla à tous ses prétendant(e)s ?

N'oubliez jamais cette queue de votre esprit.



Explication n°2

L'entreprise n'est pas un conte de fées !




Dénigrement.
Injonctions paradoxales.
Pression managériale.
Conflits.
Discriminations.
Manipulation.
Stress.
Harcèlement (moral et/ou sexuel, faites votre choix)
Mise au placard.
Burn-out professionnel.
Faut-il que je continue ?

Ce n'est pas un scénario d'un film de Quentin Tarantino. Tout ceci est bel et bien la réalité que nous observons en entreprise.

70% des travailleurs (en poste) ont été exposés à des rapports sociaux difficiles en milieu professionnel. Dans l'échantillonnage, 48% des personnes ont connu un manque de reconnaissance (manque de respect, rémunération faible) et 36% ont connu un manque de coopération et de soutien (non intégration à l'équipe).
Ensuite - parce que ce n'est pas fini - 13% des salariés français déclarent avoir été victimes d'agression verbale, physique ou sexuelle de la part de collègues ou supérieurs hiérarchiques. Ce n'est pas moi qui le dis. Mais le rapport Chiffres clés sur les conditions de travail et la santé au travail de 2013 de la DARES.

2019, je ne pense pas que les chiffres aient diminué...

Je n'ai pas envie de créer une psychose en brandissant ce slogan « L'entreprise c'est l'enfer, fuyez-la ou elle vous tuera ! ». Mais je ne veux pas non plus créer un endormissement général. Non vous ne trouverez pas les Bisounours en entreprise...
Le manque de reconnaissance, de soutien, la pression temporelle ou encore le manque d'autonomie sont des risques psychosociaux qui peuvent entraîner des tas de saloperies : maladies cardio-vasculaires, dépressions, burn-out et dans le pire des scénarios, suicides.

Est-ce que l'entreprise vous veut du bien ? Je ne sais pas. En tout cas, travailler en entreprise peut vous faire sacrément mal. D'ailleurs, ça me fait penser à une amie. Elle travaille dans l'une des célèbres start-up - qui se revendique comme telle alors qu'elle a 400 salariés - spécialisée dans l'e-santé. Son environnement de travail est tellement anxiogène qu'elle a craqué.

Est-ce bienveillant de recevoir des directives de la part de son manager à 1h du matin ?
Est-ce bienveillant de devoir travailler chez soi un jour férié ?
Est-ce bienveillant d'écrire noir sur blanc dans son dossier "cette personne a craqué" ?



Je suis à bout. Cela ne se voit pas ?



Vous ne savez jamais ce que l'entreprise vous réserve. Ce n'est pas le premier échange téléphonique, ni l'entretien devant ce charmant manager aux yeux bleus, qui vous éclairera.

Manager bienveillant : "Je dois vous dire quelque chose. Notre ancien DRH a harcelé 3 femmes en 3 ans. Mais ne vous inquiétez pas, il s'est calmé. La Direction Générale lui a collé un sérieux avertissement. Maintenant, tout va pour le mieux !"

Un échange aussi bienveillant et transparent, ça vous donne envie ?

Rêvez bien parce que ça n'arrivera pas.

En entreprise, la bienveillance a ses limites. L'entreprise est l'antre des jeux de pouvoir et d'égo. Les relations de pouvoir persistent dans les milieux professionnels car elles structurent les organisations. Le sociologue Michel Crozier l'explique bien mieux que moi dans son ouvrage Le Phénomène bureaucratique.

Dire que vous êtes bienveillant(e), c'est tendre le bâton pour vous faire battre. Ou tendre le coutelas pour vous faire trancher - version caribéenne -.
Harceleur(se), manipulateur(trice), pervers(e) narcissique ? Vous ne savez jamais qui est en face de vous. Vous ne savez pas ce que cette personne peut en faire de votre phrase...



Explication n°3

C'est du blabla corporate.





"Je suis bienveillant(e)" = "Nous sommes humains".
C'est comme le blabla corporate des entreprises. Le même refrain : flou, évasif, impersonnel, vide. Même le vide a plus de vie, comme l'explique Étienne Klein, physicien et directeur de recherche au CEA, lors du TEDx Et si faire le vide, c'était aussi faire le plein ?.

Maintenant, dites-moi concrètement, c'est quoi la bienveillance ?
Le dictionnaire Larousse me chuchote la définition suivante : "Disposition d'esprit inclinant à la compréhension, à l'indulgence envers autrui." Son ami le CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales) ajoute ceci : "Disposition généreuse à l'égard de l'humanité".

Avez-vous remarqué quelque chose ? Plusieurs qualités sont utilisées pour définir la bienveillance. Normal, la bienveillance n'est qu'un cocktail d'aptitudes comportementales et de soft skills.


La bienveillance est un fourre-tout. A vous de piocher ce qui vous intéresse !

Pourquoi s'obstiner à utiliser un terme tant galvaudé et imprécis ?  
En accompagnant différents chercheurs d’emploi et entrepreneurs, je me suis rendue compte que la bienveillance cachait toujours une autre qualité plus concrète et représentative de l'individu. A vous de la chercher !


Qualité ? Où te caches-tu ?! Putain, t'es pire que Charlie !



L’empathie ?
L’altruisme ?
L’indulgence ?
La générosité ?
La tolérance ?
L'amabilité ?
La considération ?


Posez-vous toujours ces 2 questions :

  • Quelle qualité me caractérise le plus dans la vie professionnelle ET vie privée ?

Vous pouvez sonder votre entourage : famille, amis, collègues de travail qui vous veulent du bien.

  • Quel exemple concret illustre le mieux cette qualité ? 

Quand un chercheur d'emploi me donne une qualité, je lui demande systématiquement "Tu es comme ça. OK. Concrètement, ça veut dire quoi ? Peux-tu me donner un exemple, une anecdote qui illustre cette qualité ?

Si votre principale qualité est la tolérance, l'exemple concret peut être un débat entre vous et une personne ayant des idées opposées aux vôtres. Votre qualité est l'empathie ? Peut-être que vous avez été bouleversé(e) par le témoignage d'une Syrienne qui a fui son pays.
Plus vous fouillez dans votre mémoire, plus vous trouverez des exemples de situations vécues dans la vie professionnelle ou personnelle. Votre discours sera ainsi personnalisé et pragmatique !

C'est la technique de la qualité contextualisée. C'est comme ça que je la nomme. Une qualité doit toujours être expliquée avec un exemple concret, une situation vécue. Dire "je suis ci", "je suis ça" fait penser au politicien qui expose ses qualités, sa "bonne foi" sans jamais donner d'arguments vérifiables.

Vous n'aimez pas quand le recruteur vous raconte des salades ? Le recruteur non plus. 


Le blabla c'est moche pour tout le monde.



Vous savez maintenant pourquoi la chanson "je suis bienveillant(e)" vous disqualifie de la course en 2 secondes. Le but est de gagner des points auprès de votre cible : recruteurs, RH, opérationnels, clients. Alors arrêtez de vous faire du mal. Car cette expression fait du mal à votre présentation et votre identité professionnelle.

Eh bien moi je prends soin des identités professionnelles des femmes et des hommes qui souhaitent se mettre en valeur et séduire. Voici les 3 maîtres-mots de mon 3ème atelier #PasdeblablaRH :  


Identité visuelle  -  Message/Histoire  -  Audace


Le thème va vous plaire : "Crée ton identité pro grâce à LinkedIn". Ça se passe le samedi 29 Juin 2019 à 15h30 à Paris dans le 8ème arrondissement.

Au programme :

  • 2h30 d'infos, de conseils et best practices
  • 2h30 d'astuces testées et validées lorsque j'étais en recherche d'emploi !
  • 2h30 de techniques que les autres ne font pas
  • 2h30 de stratégie à appliquer dès le lendemain
  • Et 2h30 de goûter !

Cet atelier est ouvert à tous : chercheurs d’emploi, micro-entrepreneurs, freelances, chefs d’entreprise, spécialistes du marketing, coach, RH etc. Parce que je souhaite créer un moment d'échange, il n'y aura que 14 places ! On se voit bientôt !


Lien d'inscription en bas 👇👇




>>  Je veux venir ! <<
(👆 lien d'inscription 👆)


Articles recommandés

Aucun commentaire :